LES CARRIERES DE RESSONS LE LONG

 

Dans les registres de l’état-civil jusqu’en 1900, nous trouvons souvent les professions de carrier, tireur de pierres, tailleur de pierres.

De temps immémorial, on a tiré de la pierre des nombreuses carrières ouvertes au flanc de la colline. Il y en a une dizaine sur toute la longueur de la côte, situées au dessus de Mainville, près de la ferme de la Montagne, au-dessus du Montois et près de la route de Vic-sur-Aisne à Coeuvres et Valsery. Ce sont ces dernières qui ont été le mieux exploitées grâce à leur situation à proximité de la route, du port de Vic-sur-Aisne qui connut au 19ème une imposante activité et de la gare de Ressons-le-Long.

A l’origine, la pierre servait à la construction des maisons du village et des environs. A partir de 1850, les blocs de pierre sont dirigés vers Compiègne et Paris soit par voie d’eau (l’Aisne a été canalisée en 1843) soit plus tard par la voie de fer (la ligne Soissons-Compiègne a été construite en 1881).

Avec la pierre de Ressons-le-Long, on a construit de nombreuses maisons à Compiègne, la caserne du Château d’eau à Paris, le Grand Palais à Paris (en partie : 7800m³)

Pendant les travaux de l’exposition de 1900, les carrières occupèrent jusqu’à 120 ouvriers. La moyenne était de 12 à 15 en été, de 50 à 70 en hiver.

 

Une statistique agricole de 1862 indique que les carrières et les cendrières occupent en moyenne 17 hommes et 4 enfants pendant 230 jours par an.

En 1898 et 1899, il est sorti de nos carrières environ 10 000m³ de pierres.

Au début, on tirait la pierre par petits morceaux : parpaings et doubles parpaings. Plus tard, par suite de l’extension du commerce, l’extraction se fit par gros blocs que l’on débitait sur le chantier de construction.

Sur un livre de comptes, nous avons pu découvrir la nature du travail des carriers :

-         travail dans la carrière

Extraction payée à l’heure suivant la qualité de la pierre

Chargement

Relevage de cran

 

-         travail au dépôt

Manutention (grue)

Chargement wagons et péniches

 

Des exploitants de carrière avant 1914 :

Blanchard (Mainville)

Fouquet-Liévaux-Détail-Fossez

Toupet (route de Vic à Coeuvres)

Borde-Perrier-Boufflet

Girandier (route de Vic à Coeuvres)

 

On peut penser que les carrières de la Montagne ont pu être le berceau des premiers habitants de Ressons-le-Long : l’exploitation de la pierre a fait disparaître les traces d’habitation éventuelles.

Vers 1875, la famille Vaillant habitait encore une carrière de la Montagne.

Au Montois, une entrée de carrière servait d’abris à la famille Mansier dite Gros yeux.

 

Certaines carrières servait encore dans les 80’ de hangars agricoles.

D’autres carrières ont été utilisées pour la culture des champignons.

Pendant la guerre de 14, certaines de ces carrières serviront d’abris pour les soldats qui y ont souvent laissé des inscriptions. On y logera aussi des chevaux.

 

Le site


A la seule lumière des lampes à huile, puis à partir du 19ème siècle des lampes à acétylène, dont les plafonds gardent encore les traces, les carriers munis d'outils rudimentaires venus de la nuit des temps, l'aiguille, la lance et le crocodile pour les tranches, les coins de bois pour faire claquer la pierre, extrayaient d'énormes blocs de 12 à 15 tonnes.

 

La méthode d'extraction

Le premier banc exploité en fait, le banc supérieur était appelé "Cadette".
Les bancs du dessous appelés "sous pieds" ou "en sous pieds" étaient exploités suivant leurs épaisseurs respectives.
Les blocs ou "blots" étaient découpés verticalement à l'aide de longues barres de fer appelées "lances" dont l'extrémité était effilée, recourbée et coupante. Longues de 4 mètres, compte tenu de leur masse, elles étaient suspendues à une chaîne accrochée à une barre horizontale posée sur trépieds ou fichée dans la paroi d'à côté. L'ouvrier balançait la lance et creusait une saignée de 8cm appelée "tranche" sur une profondeur d'environ 1,30m, il descendait la barre d'attache tous les 10 cm.
Pour détacher l'arrière des blocs du front de taille, on enfonçait des coins de bois dans une des tranches verticales, la pression exercée latéralement faisait casser l'arrière du bloc. Plus tard, vers la fin du 19ème siècle, apparut la scie crocodile, "le croco", qui permettait de scier l'arrière du bloc lorsque celui d'à côté avait été dégagé.
La tranche du dessous appelée "four" était taillée en forme de V, avec "l'aiguille" pour permettre au bloc de se dégager verticalement et de basculer. Pour amortir sa chute, on plaçait des morceaux de pierres appelées "chandelles" ; quand il tombait, le carrier qui tapait sur les coins n'avait pas la meilleure place !
Ensuite, le bloc était déplacé à l'aide de pinces, de rouleaux et d'un treuil appelé "crapaud" pour être chargé sur un chariot de carrière, le "fardier".
Acheminé près de l'entrée, à la lumière, le bloc était débité au "passe-partout" en fonction des commandes.

 

 SOURCE BRGM